Je porte des appareils auditifs depuis dix ans. Cet « appareillage » a coïncidé avec ma prise de retraite de conseillère pédagogique. Je suis donc passée d’un monde en constante interaction orale à un monde plus silencieux de retraitée. Cela m’a permis de renouer avec l’écriture, la lecture, et la recherche historique et généalogique. Activités passionnantes, mais peu axées sur la parole!
Aux classes quelquefois agitées, aux activités de formation qui sollicitaient un échange constant, se sont substituées les rencontres amicales ou familiales où j’étais entourée de gens à qui je pouvais demander de répéter à l’occasion. En cas de rencontres sociales plus « sonores », j’ai développé des trucs que les malentendant.e.s (je préfère partiellement sourd.e.s) connaissent : demander une explication rapide à mon conjoint, suivre une seule conversation à la fois, fixer intensément la personne… (quelquefois malaisant…) ou sourire au lieu de faire répéter…
Le port du masque lors de la pandémie m’a révélé à quel point j’avais appris à « comprendre sans entendre » grâce à la lecture labiale et aux expressions faciales et gestuelles des gens qui me parlaient. C’est à ce moment que j’ai réalisé que le déficit auditif était un handicap.
Heureusement, je me suis abonnée à Audition Québec. Les cafés rencontres, les conférences, les publications me procurent un grand support. Merci!
NDLR (Note de la rédaction) : France Lapierre a lu pour nous le livre Dialogue de sourdes, dont vous retrouverez la critique dans cette édition du Sourdine Express.