Depuis que je travaille en implant cochléaire, cela a enlevé un gros poids sur mes épaules par rapport à plusieurs inquiétudes que j’avais : Que vais-je faire si je perds davantage l’audition? Est-ce que je vais pouvoir continuer à exercer mon métier? Est-ce que l’implant est une bonne solution? Étant malentendante avec une formation en audiologie, je suis devenue apte à analyser mes audiogrammes et à voir tranquillement se dessiner une courbe de plus en plus prononcée vers le bas. Ce changement très insidieux et graduel sur une vingtaine d’années m’apeurait.

Malgré ma profession d’audiologiste et tous les suivis réussis avec mes clients pour des adaptations à l’école ou pour le travail au fil des années, je ne pouvais m’enlever de la tête que ma surdité empirait, que le monde sonore tel que je le connais allait un jour changer, que j’allais perdre mes repères.

Lorsque j’ai rencontré mes premiers usagers nouvellement implantés et que je les ai accompagnés dans leur réadaptation avec l’implant cochléaire, c’est comme si je sentais que mon sac à dos de soucis qui pesait des tonnes s’était transformé en ballons d’air. J’ai vu leurs progrès et cela m’a donné espoir que si mon tour devait arriver un jour, je serais prête à aller vers l’implant moi aussi. Certes, l’implant cochléaire n’est pas parfait. Certaines personnes sont déçues de la qualité de la musique ou de ne pas pouvoir parler facilement au téléphone ou de devoir continuer à utiliser des stratégies de communication pour bien comprendre.

Pour ma part, je veux pouvoir parler avec les gens que j’aime (même si je leur demande de répéter), entendre le ronronnement de mes chats (peu m’importe s’il est métallique), écouter la musique (même si je ne comprends rien et que c’est chaotique) et continuer de profiter de la trame sonore de mes séries favorites avec le confort des sous-titres.

Quand j’y pense, l’être humain peut s’adapter à tout. L’implant sera, pour moi, une nouvelle adaptation parmi tant d’autres dans ma vie.

Nous sommes résilients !