Renouvellement d’appareils auditifs : du CIC aux mini-contours – 5e partie ​

Je suis une malentendante française récemment installée à Québec. Je raconte mon parcours de renouvellement d’appareils auditifs. Si mes premiers articles traitent plus du comparatif entre le Québec et mon pays natal (la France), les deux derniers billets me permettent de partager mon expérience de malentendante et le passage d’un type d’appareil, le CIC (aide auditive intra-auriculaire), à une autre catégorie, les mini-contours. 

Pour lire la 1ère partie, c’est par ici, la deuxième ici , la troisième, par ici et la quatrième ici.
Prise d’empreinte et coloris

Je rencontre rapidement l’audioprothésiste pour la prise d’empreintes de mes conduits auditifs, pour permettre de faire la coque qui va contenir l’écouteur et relier le tout au mini-contour sur mon oreille.

Je fais confiance au professionnel dans le choix de l’appareil pour combler mes besoins : jeune (ne jamais perdre une occasion de le préciser), malentendante, active, mère de jeunes enfants, vie sociale riche avant 8 h PM. Bref, il me faut quelque chose de solide. Je choisis le modèle à piles plutôt que le système rechargeable. L’audioprothésiste a beau m’expliquer que l’autonomie des appareils auditifs avoisine les 18 heures, j’ai trop peur d’oublier de les mettre à charger ou de me retrouver en panne d’appareil. Celles et ceux qui se sont retrouvés un jour en panne de piles et sans piles de rechange savent de quel stress je parle.

Dernière étape, le choix de la couleur de la coque de l’appareil. J’opte pour un coloris “champagne” se rapprochant le plus de mon style de vie (!)… et de ma carnation. La commande est passée et bientôt arrive le moment d’être enfin équipée. Le délai entre la commande et la livraison m’a semblé un peu long, un bon 3 semaines. J’ai même rappelé le centre pour m’assurer qu’on ne m’avait pas oubliée. En raccrochant, je me suis faite la réflexion que pour quelqu’un qui ne voulait pas entendre parler de contours, j’étais bien impatiente de les recevoir.

La mise en place et les premiers réglages se passent bien. Je reçois beaucoup d’explications et de conseils. J’ai conscience que parvenir à un réglage optimal est progressif mais pour l’instant je me sens bien.
Les premiers jours

Les premiers jours, je me comporte comme un chien de prairie, à l’affût du moindre son et bruit inconnus. Il y en a beaucoup. Je dois me réadapter à mon nouvel environnement. Je me concentre x 1000 quand on me parle, de peur de ne pas comprendre. Je fais un saut quand j’entends la sonnerie de mon téléphone dans mes oreilles. Je ressors de cette première semaine complètement brûlée, le moral au plus bas. La crème glacée offerte par ma merveilleuse collègue de travail me met du baume au cœur (l’incontournable pour un renouvellement d’appareil réussi : une collègue compréhensive et de la crème glacée).
Le gros plus : les accessoires 

Je suis ressortie du rendez-vous avec l’audioprothésiste les bras chargés de boîtes contenant les accessoires compris dans le tarif des appareils. J’étais auparavant réticente à l’idée d’avoir à gérer d’autres équipements en plus de mes appareils. Là j’ai la totale : micro déporté Bluetooth et adaptateur TV. J’aurais pu aussi avoir un amplificateur portable comme un haut-parleur supplémentaire pour mon téléphone, mais je n’en ai pas vu l’utilité.

Concernant l’amplificateur TV, malgré les explications et les câbles fournis, je ne suis pas parvenue à l’utiliser comme il faut. À savoir, pouvoir écouter la télé avec mon conjoint, lui ayant le son par la TV et moi par mes appareils auditifs. Je l’utilisais donc en solo pendant quelques semaines. Bientôt un an après l’avoir reçu, je ne l’utilise plus et je l’ai même débranché. Un peu déçue, je comptais beaucoup sur ce type d’accessoire.

Pour le micro déporté Bluetooth, j’étais carrément opposée à l’utiliser. Depuis des années, la correction de ma surdité se résume à mes appareils auditifs. Je ne souhaitais pas avoir à réfléchir à mon environnement sonore et utiliser des accessoires supplémentaires. Le micro me semblait un obstacle de plus pour accepter mon handicap. Celui-ci devenait encore plus visible. J’ai accueilli cet accessoire comme une joke. J’ai menacé mes collègues de le cacher dans leur bureau pour les espionner. Je dois avouer ne pas avoir détesté leur stupeur et leur légère admiration devant tant de technologie. Je m’apprêtais à ranger le micro au fond d’un tiroir (le rangement préféré des malentendants) quand j’ai démarré des cours de yoga. La grande salle, haute de plafond, une bonne vingtaine de participants, même placée proche de la prof, je ne comprends pas ses instructions. La professeure me demande d’ailleurs si j’ai apprécié le cours car “tu n’avais pas l’air de suivre ce que je disais”. J’étais mortifiée, je pensais avoir encore une fois réussi à faire “comme si”…. comme si j’entendais bien. J’ai alors pensé à mon micro, cela allait être une très belle occasion de le tester. Et en effet, je ne peux plus m’en passer. Vers la fin de la séance, nous faisons une méditation, dans le noir, les yeux fermés. Impossible de suivre sans mon micro !
S’adapter aux mini-contours

Et puis, finalement l’adaptation à cette nouvelle forme d’appareil ? J’appréhendais le regard de mon entourage, de mes collègues et du reste du monde. Je me suis fait une montagne et encore une fois, je m’en faisais pour rien. “On les voit encore moins que les autres ?”, “Faut vraiment être derrière toi pour les apercevoir”. Ils sont quand même plus visibles que les modèles intra-auriculaires, certains collègues ont découvert ma surdité en voyant mes mini-contours.
Téléphoner ou porter les cheveux longs

Le gros plus vient du système Bluetooth qui me permet de téléphoner avec mes prothèses. Je suis beaucoup plus à l’aise de ce côté-là. Le souci – pas encore résolu à ce jour – mes interlocuteurs perçoivent le bruit de mes cheveux sur le micro des appareils. Ca c’est mon gros moins. Dès que j’ai posé mes appareils sur mes oreilles, mes cheveux – mi-longs- m’ont gêné. Cela crée un chuintement, un frottement que de nombreuses tentatives de réglages n’ont pas réussi à solutionner. Pour le contourner, j’attache mes cheveux quand je dois passer mes appels. Et je ne désespère pas que mon audioprothésiste trouve LE bon réglage. Je suis apparemment la seule à vivre cette problématique, le manufacturier n’ayant pas non plus trouvé de solution pour diminuer le son des cheveux.

J’écoute de la musique et des vidéos (trop) avec mes appareils auditifs. J’entends mieux mais cela crée un certain isolement pour mon entourage qui ne sait plus trop quand je suis “là” ou quand je suis plongée dans une vidéo. J’ai aussi quelques craintes sur l’exposition prolongée au signal Bluetooth sur mon cerveau à long terme. Mais ce système Bluetooth apporte un confort indéniable dans ma vie de malentendante.
Le bilan

Bientôt un an que je suis passée aux mini-contours. J’avais des attentes élevées quant au changement de type d’appareils en termes de compréhension de la parole, dans le calme et dans le bruit. À ce jour, je ne peux pas dire que je sois satisfaite à 100% de ce côté-là. Lors de mon dernier rendez-vous, nous avons évoqué les limites de l’appareillage par rapport à ma surdité. Il semblerait que ma perte auditive sur certaines fréquences m’empêcherait d’arriver à une pleine compréhension de la parole. Mais on ne va pas s’avouer vaincus et je vais poursuivre les réglages.

Ce que j’appréhendais le plus était le changement de la forme d’appareils. Je ne dirais pas que je vis ça avec enchantement mais je m’y suis habituée. Comme à chaque fois, j’ai craint le regard de l’autre et son jugement mais c’est sans doute envers moi-même que je devrais être plus bienveillante. Même si le compteur affiche plus de 20 ans d’appareillage, l’acceptation du handicap n’en reste pas moins un long chemin.

Ainsi s’achève mon long témoignage sur un passage important dans ma vie de malentendante. J’espère qu’il aura pu vous éclairer, vous informer et vous aider à avancer vous aussi, sur votre chemin du handicap.

Un dernier conseil ? Si le chemin est long, soyez assuré(e) que vous n’êtes pas seul(e) à le parcourir.

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