Améliorer la qualité de vie des personnes malentendantes par les avancées technologiques

L’émission d’affaires publiques « The Current », de la radio de CBC, a récemment diffusé un reportage intéressant qui met en lumière les défis auxquels sont confrontées les personnes souffrant de perte auditive et qui explore les avancées technologiques qui pourraient améliorer leur qualité de vie (la transcription intégrale en anglais se trouve ici). Matt Galloway, l’animateur de l’émission, explique d’abord le problème bien connu des personnes malentendantes : comprendre les conversations dans des environnements bruyants.

Le reportage présente une solution potentielle développée par le Mobile Intelligence Lab de l’Université de Washington, dirigé par Shyam Gollakota.
Imaginez, dit-il, que vous êtes au parc, que vous voulez profiter du chant des oiseaux, mais que les gens autour de vous sont tellement bruyants que vous n’entendez qu’eux.

L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE À LA RESCOUSSE

Porter un casque réducteur de bruits éliminerait tous les bruits sans distinction. Shyam Gollakota a donc créé un prototype de technologie portable utilisant l’intelligence artificielle pour filtrer et restituer les sons souhaités en temps réel à l’aide de microphones externes.
Cette technologie pourrait être intégrée à des appareils audio ordinaires tels que des écouteurs et des oreillettes, offrant ainsi une nouvelle perspective pour les personnes souffrant de perte auditive.

Ian Bruce, professeur à la McMaster School of Biomedical Engineering, de Hamilton, en Ontario, apporte de son côté un éclairage sur les défis actuels des aides auditives conventionnelles. Il souligne qu’au cours des dernières années, grâce aux progrès de la technologie numérique et des aides auditives, il y a eu de nettes améliorations dans la capacité à détecter le type de signaux entrant dans les microphones de l’aide auditive et à séparer les différentes sources sonores telles que la parole et le bruit, ainsi qu’à utiliser plusieurs microphones pour essayer de déterminer la direction des différents sons. Mais distinguer la conversation du bruit de fond reste encore un défi.

M. Bruce raconte que dans le cas d’une audition normale, le cerveau est capable d’effectuer un très bon travail de séparation des différentes sources sonores. Et nous pouvons déplacer notre attention d’une source sonore à l’autre. Malheureusement, dans le cas d’une perte auditive typique liée à l’âge ou au bruit, les cellules de l’oreille interne qui convertissent les ondes sonores en activité électrique envoyée au cerveau par le nerf auditif sont endommagées. Cela entraîne une perte d’informations ou une distorsion des informations acoustiques dans l’oreille interne, et le simple fait d’amplifier le son ne compense pas totalement ce phénomène.

C’est pourquoi le chercheur précise que les personnes qui ont des difficultés d’audition devraient consulter un professionnel de l’audition et envisager de se faire appareiller.

Ian Bruce effectue les travaux de recherche à McMaster sur des oreillettes intelligentes, appelées “Hearables”, qui cherchent à individualiser le traitement du son en fonction des caractéristiques anatomiques de chaque personne. En effet, la façon dont les sons sont filtrés par notre tête, notre cou et nos oreilles, et en particulier par notre oreille et ses différents plis, est très individualisée et affecte la façon dont nous entendons les sons provenant d’un endroit particulier dans l’espace. L’équipe de M. Bruce cherche donc des moyens intelligents de mesurer le filtrage lié à la tête des gens, afin de pouvoir individualiser le son spécialisé pour eux, tout en l’adaptant à toute perte auditive qu’ils pourraient avoir.

APPAREILS AUDITIFS EN VENTE LIBRE AUX ÉTATS-UNIS

L’émission aborde ensuite la récente modification des règles aux États-Unis permettant l’achat d’appareils auditifs en vente libre, offrant ainsi une alternative moins coûteuse aux solutions auditives traditionnelles. Ian Bruce souligne cependant l’importance de l’éducation et du soutien des utilisateurs pour garantir une utilisation réussie de ces appareils qui ne sont pas encore disponibles au Canada.

LE COÛT ÉLEVÉ DES APPAREILS AU CANADA

La discussion se poursuit avec Tammy Perry, une personne malentendante qui vit au Manitoba. Elle partage son expérience du coût élevé des appareils auditifs conventionnels. Elle souligne l’impact sur son budget, mais aussi la nécessité vitale de ces dispositifs pour maintenir une communication efficace et éviter l’isolement.

Richard Plummer, directeur exécutif national de l’Association des malentendants canadiens, rejoint l’émission pour discuter de l’importance de l’accès à la technologie auditive.

Il note des améliorations dans l’accès grâce aux efforts des secteurs privé et gouvernemental, mais souligne des difficultés persistantes, en particulier en ce qui concerne l’accessibilité financière des appareils auditifs. Le coût est un obstacle important, puisque près de 70 % des personnes souhaitant des prothèses auditives le citent comme un facteur limitant.

Au sujet des appareils auditifs en vente libre, il croit qu’il est essentiel d’accroître l’accès, mais souligne l’importance de l’éducation et du soutien des professionnels de l’audition pour garantir une utilisation réussie de la technologie.

PAS DE POLITIQUE NATIONALE SUR LA SANTÉ AUDITIVE

Le directeur de l’AMEC signale que plus de quatre millions de Canadiens souffrent d’une perte auditive mesurable. Cela affecte leur capacité à comprendre et à entendre efficacement la parole. Il s’agit de personnes âgées de 20 à 70 ans, soit 40 % des Canadiens. Selon lui, nous n’investissons pas assez dans la recherche et il n’y a pas non plus de politique nationale qui intègre la santé auditive dans notre système de santé universel et il est primordial de travailler sur cet enjeu.

Le reportage de « The Current », conclut en soulignant l’importance de sensibiliser davantage à la perte auditive, de rechercher des solutions technologiques accessibles et d’aborder les problèmes sociaux et économiques liés à la santé auditive dans le cadre d’un système de santé universel.

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