Dans la liste des situations stressantes quand on est une personne malentendante (en tout cas dans ma liste à moi), un séjour à l’hôpital se situe tout en haut! Ayant subi un grave accident de voiture en juillet 2019, je considère avoir pas mal d’expérience dans le domaine…
Et puisqu’il faut bien se faire à l’idée que les masques opaques en milieu hospitalier sont là pour rester, j’étais bien décidée à mettre toutes les chances de mon côté pour que la communication avec le personnel hospitalier soit la plus fluide possible au moment de la énième hospitalisation que j’ai subie en mai 2025.
Voici donc un petit récit des événements en espérant que cela vous soit utile si vous vous retrouvez à l’hôpital.
LA PRÉPARATION
Première étape, suivre les conseils de notre expert en résidence, Ronald Choquette, docteur en audiologie, membre du conseil d’administration d’Audition Québec et membre du comité de rédaction de Sourdine Express. Ronald a préparé une trousse en cas d’hospitalisation, qui sera disponible plus tard cet automne.
J’ai donc imprimé une série d’étiquettes pour identifier mes accessoires, avec mon nom, mon numéro de dossier de l’hôpital et le timbre de l’oreille barrée. J’avais un contenant pour mon chargeur d’implants cochléaires, un pour les piles de rechange, un pour les piles jetables et un pour mes pièces de rechange. J’avais aussi un gros sac ziploc pour regrouper les contenants, facilement accessibles dans ma valise.
Mais surtout, j’avais fait laminer une affiche « Je lis sur les lèvres » que nous avions fait faire durant la pandémie pour afficher sur un mur de ma chambre et deux affiches « Patiente sourde, implantée cochléaire, lit sur les lèvres » (oups, dans les faits il y a eu une petite faute d’orthographe mais ce n’est pas grave), une pour mettre au-dessus de mon lit d’hôpital et l’autre pour mettre sur la porte de ma chambre.
L’ARRIVÉE À L’HÔPITAL
Évidemment, nous aimons tous être complètement autonomes, mais j’avoue que dans un cas comme celui-ci, ça rassure quand même d’être accompagné par un proche. Dans mon cas, mon amie Nathalie m’a été d’un grand secours, lors de l’inscription au comptoir de pré-admission et particulièrement dans la salle d’attente subséquente lorsque mon nom a été appelé. Je ne l’aurais pas entendu.
Après avoir été installée sur une civière, habillée d’une belle jaquette, et un peu nerveuse à l’idée d’être opérée dans les prochaines heures, un infirmier est arrivé et a commencé à me poser plein de questions que je comprenais difficilement car il articulait mal. De surcroît, il regardait sa feuille et prenait des notes, sans lever la tête. Il devait prendre une prise sang et comme c’est un exercice qui peut être pénible dans mon cas, il était important pour moi que la communication soit particulièrement claire. Je pouvais sentir que le courant “ne passait pas”, surtout quand il s’est mis à s’adresser directement à Nathalie plutôt qu’à moi. C’est lorsqu’elle lui a fait comprendre que j’étais sourde et que je lisais sur les lèvres qu’il s’est enfin mis à me regarder et à faire plus attention. L’atmosphère s’est alors enfin détendue, les échanges sont devenus plus faciles et je pense même qu’on a fini par sourire tous les deux. Surtout que j’avais eu raison d’insister pour qu’il me pique dans la main et non dans le creux du bras!
LA CHIRURGIE, AVANT ET APRÈS
J’ai été vraiment chanceuse, car si l’hôpital où j’étais tombe en ruines (je ne vous dirai pas lequel), l’équipe médicale a été absolument extraordinaire. Lors de l’entrevue avec l’infirmière pour les tests préopératoires, j’avais spécifiquement mentionné que je suis malentendante et que je ne pouvais pas passer d’IRM sous aucun prétexte en raison de mes implants cochléaires. De plus, je voulais absolument me réveiller après la chirurgie avec mes processeurs bien en place. De toute évidence, les messages ont été bien transmis et respectés!
En effet, juste avant d’entrer au bloc opératoire, l’infirmière et la préposée qui m’entouraient avec beaucoup de bienveillance m’ont demandé de leur montrer comment placer mes processeurs sur ma tête. J’ai pu les conserver jusqu’au moment où je suis tombée endormie, et je les avais bien en place dans la salle de réveil. Ouf! Mon chirurgien, pour sa part, était depuis longtemps conscientisé à mes besoins et a agi automatiquement en conséquence, dans la bonne humeur de surcroît!
LE DÉBUT DE LA CONVALESCENCE
C’est à ce point du parcours, une fois transférée de la salle de réveil à ma chambre et mon amie “interprète” partie (en s’étant assurée d’aviser de vive voix le personnel en place de ma condition, de mettre les affiches sur les murs et mon “équipement” à portée de main) que c’est devenu plus critique, puisque chaque membre du personnel qui entrait portait un masque opaque. L’affiche « Je lis sur les lèvres » était bien en évidence sur le mur perpendiculaire à mon lit dans ma minuscule chambre. Je dirais que des deux affiches, c’est assurément celle qui frappe le plus. Et qui fonctionne! En effet, la plupart des gens baissaient automatiquement leur masque en la voyant, tout en conservant une distance sécuritaire.

Le personnel médical avait quand même préparé sa propre affiche, mais comme vous pouvez le constater sur la photo de droite, elle était loin d’être en évidence!
J’ai même eu la chance d’avoir une préposée vraiment dévouée qui a trouvé un des rares masques à fenêtre encore disponibles! Je l’ai remerciée chaudement en lui demandant la permission d’utiliser sa photo pour cet article. C’est sûr que ça serait génial si tous les hôpitaux et cliniques médicales avaient ces masques à fenêtre disponibles en tout temps, mais malheureusement la résistance est forte, à tous les niveaux.
La convalescence de mon partenaire de chambre n’a pas été de tout repos, ses visiteurs non plus, mais ça, c’est une autre histoire. Heureusement, j’avais le loisir de pouvoir fermer mes processeurs d’implants cochléaires afin de taire les bruits environnants (et d’activer mes acouphènes, mais ça aussi, c’est une autre histoire! ha! ha!)
En conclusion : Nous avons beau offrir plein d’outils, les communicartes, les signets de stratégies de communication, avec pas mal de texte, eh bien plus le temps passe, plus je réalise que dans notre monde “tiktoké” où la capacité d’attention diminue constamment, le message le plus simple est : Je lis sur les lèvres. En ajoutant qu’il n’est pas nécessaire de parler plus fort ni, surtout, de crier. 🙂
J’ajouterais aussi que c’est une plus-value d’être accompagné.e d’une personne entendante lors des rendez-vous médicaux, à chaque étape du processus. La malentendance couplée à la nervosité nous expose à la possibilité de manquer des informations importantes qui ont des incidences sur la compréhension des faits et des étapes, pré et post-opératoires. Il ne faut pas non plus hésiter à mettre par écrit toutes nos questions et demander au personnel médical la permission d’enregistrer les conversations sur nos téléphones afin de pouvoir les réécouter plus tard.