L’audiologie, une discipline fascinante

Au moment d’entamer le programme de maîtrise professionnelle en audiologie, j’étais loin de me douter de tous les aspects que touche cette discipline. Quand on est jeune, on a généralement très peu d’intérêt pour les problèmes d’audition. Il est difficile pour un jeune de bien comprendre les enjeux lorsqu’une personne aînée nous fait répéter. 

Et pourtant, quelques mois ont suffi pour réaliser qu’il n’y a pas que les personnes âgées qui éprouvent des problèmes d’audition. S’il est bien reconnu que cette tranche de la population souffre souvent de perte auditive, on constate aussi que des plus jeunes en sont atteints et que même certaines personnes entendent des sons qui perturbent leur attention ou leur sommeil, ce qui s’avère souvent être des acouphènes.

La science derrière tout ça!

Le processus qui permet de transformer les ondes sonores transportées grâce à l’air en signaux neuronaux interprétés par le cerveau est très complexe et il fait intervenir plusieurs structures anatomiques très spécialisées. L’étude des différents mécanismes impliquant ces structures, du pavillon à la cochlée en passant par le tympan, les osselets et les cellules ciliées, est tout à fait fascinante.

À cela s’ajoutent toutes les théories et les lois de la physique qui permettent non seulement de comprendre les mécanismes, mais de développer des instruments à la fine pointe de la technologie, nous permettant de mesurer avec précision les capacités auditives, tant en intensité qu’en réponse spectrale (la gamme de sons graves à aigus) d’une personne.

Sans compter toutes les avancées en informatique qui permettent de simuler des environnements sonores particuliers ou combinées avec les progrès en informatique, de développer des appareils auditifs plus performants et plus spécifiques. Il y a quelques années, on pensait qu’il ne suffisait que d’amplifier les signaux sonores pour aider les personnes à mieux entendre, aujourd’hui, on est à des lunes de cette conception. Certaines prothèses auditives utilisent même l’intelligence artificielle pour aider à la compréhension de la parole.

Technologies émergentes

L’audiologie est un domaine jeune en constante évolution. Les technologies pour faciliter le diagnostic, le suivi de l’évolution et le traitement sont elles aussi en grande évolution. Par exemple, on nous a récemment présenté la tympanométrie 3D, un nouvel outil en développement qui permet d’évaluer la capacité du tympan à bouger à plusieurs fréquences simultanément. L’Université Laval s’est également dotée d’un système d’immersion 360, un cercle composé de 16 haut-parleurs permettant de plonger un participant dans un environnement sonore particulier qui semble très réel et qui permet d’évaluer les capacités de localisation sonore. 

Comment arrive-t-on à étudier en audiologie ?

Eh bien ça, c’est intrigant! Plusieurs chemins mènent à Rome! Il n’y a pas de baccalauréat dans cette discipline, il s’agit d’une spécialisation accessible aux études graduées, offerte par la Faculté des sciences de la réadaptation. Il faut donc commencer par obtenir un baccalauréat, mais pas nécessairement en sciences. Par exemple, il peut s’agir de psychologie, de sciences du langage ou encore des sciences biomédicales.  Mais dans tous les cas, même si ce n’est pas un prérequis, une base en sciences, comme un diplôme d’étude collégiale en Sciences de la nature, s’avère très aidant puisque le programme revisite, dans un contexte appliqué, plusieurs notions scientifiques vues en biologie, chimie ou physique.

Pour réussir, la passion est certes un atout, c’est elle qui fait qu’on ne compte pas les heures et qu’on s’organise pour bien approfondir la matière et les concepts. On n’étudie pas à la maîtrise pour réussir des examens, on étudie pour développer nos compétences afin d’être en mesure d’offrir des services professionnels de haute qualité dans quelques années, voire quelques mois à peine.

Mon cheminement personnel

Après avoir complété un DEC en sciences de la nature, j’ai complété un baccalauréat en psychologie. Ensuite, j’ai choisi la maîtrise en audiologie, car je cherchais à retrouver plus d’éléments des sciences concrètes dans mon quotidien. Comme mentionné dans l’article, les concepts de base en audiologie se fondent beaucoup sur les sciences fondamentales comme la chimie, la physique et la biologie et c’est un élément qui me manquait lors de mon baccalauréat. Après ma maîtrise, j’aimerais faire un doctorat sous la direction de M. Philippe Fournier. Nous ne sommes pas encore certains de la thématique de recherche, mais l’une des clientèles qui m’attire est celle des travailleurs dans le bruit qui sont exposés à des bruits d’explosion comme les militaires et les policiers. 

Enjeux actuels en audiologie

Le premier enjeu du domaine et de la profession est de se faire connaître auprès de la population en général. Lorsque je mentionne que je fais une maîtrise en audiologie, souvent, le premier commentaire que je reçois ressemble à « Audio quoi ???? ». En effet, peu de personnes ont rendu visite à un audiologiste au cours de leur vie. Comme mentionné en introduction, à part les personnes âgées qui ont une perte auditive, la majorité de la population ignore que cette spécialité existe et pourtant, je réalise quotidiennement que ces professionnels pourraient soulager plusieurs personnes ou aider de nombreux milieux à devenir plus sécuritaire sur le plan sonore. 

Ma passion pour l’audiologie grandit de session en session. Cette discipline essentielle et fascinante offre une compréhension approfondie des mécanismes complexes de l’audition, des avancées technologiques innovantes et des possibilités de traitement qui peuvent améliorer la qualité de vie de nombreux individus. Je sens déjà que je fais partie d’une communauté engagée à la santé auditive des citoyens.  Toutefois, un défi majeur réside dans la sensibilisation du grand public à l’importance de cette discipline et à ses bénéfices. 

L’audiologie, profession d’avenir.

 

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