Projet de recherche sur le lien entre la presbyacousie et la cognition

Yi Ran Wang, étudiante au doctorat en psychologie
Ph.D Recherche et intervention, Université de Montréal

Entendre pour penser : Le rôle de l’audition sur la santé cognitive

Récemment, la communauté scientifique a identifié la perte auditive comme étant le principal facteur de risque modifiable pour la démence (Livingston et al., 2020). Alors que cela peut sembler inquiétant, cette conclusion est basée sur des études qui ont démontré une association entre la perte auditive et une diminution de la performance cognitive chez les personnes âgées (Loughrey et al., 2017). Une association n’implique pas un lien de causalité. Donc, si vous avez une perte auditive, vous n’allez pas développer la maladie d’Alzheimer du jour au lendemain. Cependant, cela ne signifie pas non plus qu’une perte auditive n’affecte pas la cognition. Pour mieux comprendre cette association, il faut d’abord répondre à quelques questions 1) comment on entend? 2) comment l’audition est mesurée? 3) quel est l’impact de l’âge sur l’audition et la cognition.

Parlons de l’audition

Un signal sonore est une vibration dans l’air qui traverse le tympan et se transforme en signal électrique par le système auditif pour être perçu et analysé dans le cerveau. Ce signal est caractérisé par deux mesures : l’intensité et la fréquence. L’intensité est la force du son mesuré en décibels. Par exemple, des bruits forts émis par un concert rock se situent en haut de 100 dB. La fréquence définit si un son est aigu ou grave; plus la fréquence est élevée, plus un son est aigu. L’humain est capable d’entendre jusqu’à 20 000 Hz et les fréquences de la parole humaine se situent, de façon générale,  entre 500 et 4 000 Hz. Notez aussi qu’une évaluation d’audition mesure les fréquences entre 500 à 8 000 Hz.

L’âge et la perte auditive

Le vieillissement normal du système auditif est bien documenté. Un adulte d’âge moyen commence déjà à perdre la capacité à entendre des sons de très hautes fréquences (> 8 000 Hz) à partir de la vingtaine (Hunter et al., 2020). Cette perte reste souvent invisible puisqu’elle affecte peu le fonctionnement et les évaluations ignorent les très hautes fréquences. Cette perte graduelle commence toujours par les sons aigus vers les sons plus graves et devient plus apparente chez les personnes âgées (Wang & Puel, 2020). C’est alors que l’entourage commence à remarquer que le son de la télé devient de plus en plus fort et qu’il faut souvent répéter pour être compris. Cette perte est aussi souvent accompagnée par d’autres problèmes auditifs comme l’acouphène (des sifflements ou bourdonnements dans l’oreille) et l’hypersensibilité. Lorsque cette perte devient invalidante, l’audiologiste et la prothèse auditive peuvent devenir nécessaires.

L’audition et la cognition : le lien?

Le déclin cognitif n’est pas un phénomène étrange pour les personnes âgées. Oublier d’acheter ses médicaments, chercher les mots au plein milieu d’une phrase, avoir besoin d’un agenda pour rester organisé sont des situations typiques. Est-ce que la perte auditive pourrait être le coupable recherché? Malgré l’abondance des études qui rapportent une association entre la perte auditive et le déclin cognitif, le lien reste corrélationnel, alors plusieurs explications sont possibles. En premier, un lien causal est concevable, c’est-à-dire que la perte auditive pourrait causer la démence ou vice-versa. En second lieu, un mécanisme commun pourrait expliquer les deux troubles. Par exemple, la dégénérescence du cerveau peut affecter à la fois l’audition et la cognition. Il est également possible que des facteurs explicatifs différents comme la dégénérescence du cerveau (démence) et l’usure du système auditif (la perte auditive) se trouvent à arriver en même temps, sans être directement reliés. Curieusement, une étude récente a rapporté que le port de prothèse auditive peut diminuer le déclin cognitif et le risque de développer un trouble cognitif léger, souvent considéré le stade qui précède la démence (Bulchoc et al., 2022). Ces résultats pointent vers la possibilité d’un lien causal ou d’un mécanisme commun. 

Comprendre et traiter

Comme vous, les chercheurs veulent aussi comprendre l’association entre la perte auditive et le déclin cognitif. Heureusement, à travers la recherche, on peut améliorer notre compréhension de ce lien, et ainsi développer des interventions efficaces pour traiter les deux conditions. 

Si vous habitez à Montréal et que vous voulez contribuer à la recherche sur l’audition et la cognition chez les personnes âgées comme participant.e, je vous invite à lire l’encadré pour vérifier votre éligibilité. 

INVITATION À PARTICIPER À UN PROJET DE RECHERCHE

Votre participation consistera en 2 visites en personne au Centre de recherche de l’Institut universitaire de gériatrie situé à Montréal.

  1. Une évaluation de l’audition et une évaluation de votre mémoire et de votre attention (environ 2h30)
  2. Une séance d’imagerie par résonance magnétique (environ 1h)

Vous êtes éligible si vous répondez à TOUS les critères suivants :

    1. Vous avez une perte auditive liée à l’âge 
    2. Vous êtes droitier
    3. Vous avez 60 ans ou plus
    4. Vous N’AVEZ PAS

  • D’antécédents de chirurgie otologique (liée à l’oreille)
  • De traitement médicamenteux ototoxique (médicaments qui affectent l’audition)
  • Une prothèse auditive
  • De maladies de l’oreille affectant les seuils d’audition
  • Une perte auditive neurosensorielle autre que la presbyacousie
  • Un historique de traumatisme crânien
  • Maladies neurologiques ou psychiatriques (e.g. TDAH, TDA, trouble cognitif, Alzheimer, démence, autisme, trouble de personnalité, etc.)

*Cette liste est un exemple et non une liste exhaustive, tous les troubles psychologiques et psychiatriques sont exclus

Si vous avez des questions, ou vous êtes intéressé.e et répondez à tous nos critères, vous pouvez me contacter par courriel  (yi.ran.wang@umontreal.ca

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