Pour des films québécois et français enfin accessibles au cinéma

Au début du mois de juillet, j’ai envoyé une lettre d’opinion au quotidien La Presse +. Elle n’a pas été publiée, mais puisque je sais que plusieurs personnes malentendantes aimeraient bien pouvoir aller au cinéma et COMPRENDRE les dialogues, je la reproduis ici.

Comme des milliers de cinéphiles québécois, j’aurais aimé aller voir Menteuse, le film québécois de l’été. 

J’aurais aimé vivre l’expérience collective de la salle, rire en même temps que les autres, ressentir l’émotion d’une scène bien jouée, me laisser emporter par l’histoire. Mais je n’irai pas. Je sais déjà que je ne comprendrai pas.

Comme des centaines de milliers de personnes au Québec, je vis avec une perte auditive. Dans mon cas, je suis devenue sourde et j’entends maintenant grâce à deux implants cochléaires. Et comme beaucoup d’autres, je lis sur les lèvres pour comprendre ce qu’on me dit. Or, au cinéma, les dialogues fusent trop vite, les visages ne sont pas toujours visibles, et surtout, les films québécois et français ne sont pas sous-titrés en salle.

Il existe bien un système de sous-titrage individuel, CaptiView, dans certains cinémas Cinéplex. Mais ce service est réservé aux films américains à gros budget. Les productions québécoises francophones ou les films français de France, eux, ne sont presque jamais accessibles.

Résultat : nous sommes exclus de notre propre culture. Nous devons attendre que le film sorte en ligne avec des sous-titres (quand c’est le cas), ou espérer une rare projection avec sous-titres… en anglais(!), comme le propose parfois le cinéma ByTowne à Ottawa.

Audition Québec, que je préside, représente les personnes malentendantes et devenues sourdes au Québec. Nous réclamons depuis longtemps que tous les films, quelle que soit leur langue d’origine, soient sous-titrés au cinéma. Il ne s’agit pas d’un luxe, mais d’un droit fondamental à la culture et à la participation sociale.

Les avancées technologiques existent. Ce qui manque, c’est la volonté politique et culturelle de rendre nos œuvres accessibles à tous.

Jeanne Choquette
Présidente, Audition Québec

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