Notre oreille droite, celle qui se démarque​

Dans le processus d’évaluation de la candidature pour l’implant cochléaire, il arrive parfois que les oreilles offrent toutes les deux des bénéfices limités, une surdité de degré important et une physiologie similaire aux différents tests. Une discussion s’ensuit avec tous les professionnels qui ont évalué la personne pour tenter d’identifier l’oreille à opérer. À la fin de ce processus, le choix final de l’oreille à implanter peut être laissé à la discrétion du patient (avec l’accord du médecin ORL).

Quand la retraite arrive, que l’on est sans emploi après les études et que les moyens financiers ne nous permettent pas d’acheter deux prothèses auditives, le régime d’assurance-maladie n’octroie alors qu’une seule aide auditive sans frais. Le client a le choix de l’oreille qui sera appareillée et peut ne pas savoir laquelle choisir si les deux se ressemblent.

Voilà des choix bien difficiles lorsqu’il n’y a presque pas de différence entre les deux oreilles. Or, même si à première vue les oreilles peuvent sembler identiques en tout point, il faut retenir que le système auditif dans son ensemble n’est pas symétrique.

Tout cela est dû à l’évolution!

En effet, le système auditif a évolué pour mieux identifier la parole et le langage humain. Des parties du cortex auditif dans l’hémisphère gauche ont évolué pour traiter les changements rapides d’amplitude et de fréquence dans le flux sonore. De même, d’autres parties du cortex auditif dans l’hémisphère droit ont évolué pour traiter les changements plus lents de l’enveloppe acoustique dans son ensemble. Ainsi, avec le temps, l’hémisphère gauche est devenu l’hémisphère dominant pour la reconnaissance de la parole.

 

L’anatomie de notre audition

Dans le cerveau, il existe à la fois des voies qui se croisent et d’autres qui ne se croisent pas et qui relient chaque oreille à chaque hémisphère. Lorsque les deux oreilles sont stimulées en même temps, les voies non croisées sont supprimées et seuls les chemins croisés sont actifs. Cela signifie que la parole qui rentre dans l’oreille droite se déplace directement vers l’l’hémisphère gauche pour être analysée. Par contre, le même message qui résonne à l’oreille gauche doit d’abord se déplacer vers l’hémisphère droit, puis traverser vers l’hémisphère gauche via le corps calleux pour être reconnu et identifié. Le chemin étant plus long, cela introduit un très léger retard et une perte d’efficacité de l’oreille gauche. Ce très infirme délai donne donc un avantage à l’oreille droite.

Source de l’image : http://droitiergaucher.over-blog.com

Les conséquences

Le vieillissement peut aggraver cette différence entre les deux oreilles! En effet, le corps calleux, le pont entre les hémisphères, subit des changements de taille, de composition en fibres, de la matière blanche et de son métabolisme. Cela ralentit le traitement et augmente encore plus le délai pour l’identification de la parole par l’oreille gauche. Le trop grand délai de la gauche par rapport à la droite finit même par nuire à la compréhension de la parole lorsque l’on entend avec deux oreilles. On parle alors d’interférence binaurale.

En clinique, on voit ce phénomène se manifester chez certains usagers malentendants âgés qui décident de rejeter le port de deux prothèses auditives au profit d’un appareillage monaural.

Il est donc intéressant de prendre un moment et de réfléchir plus longuement lorsqu’un choix nous est donné pour l’oreille à implanter ou à appareiller. Plusieurs tests, notamment l’évaluation complète des habiletés auditives et de la reconnaissance de la parole, peuvent nous aider à prendre une bonne décision. N’hésitez pas à consulter un audiologiste qui saura vous accompagner dans votre cheminement.

Enfin, si tous les tests montrent peu de différence entre les deux oreilles, rappelez-vous de l’avantage de l’oreille droite!

Référence : Jerger, J. (2018). The remarkable history of right-ear advantage. Canadian Audiologist8(2).

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