Le 22 octobre dernier, se terminait, en France, la 7e édition de la Semaine de la Santé Auditive au Travail organisée par l’association JNA. Une campagne nationale pour sensibiliser le monde professionnel à l’impact du bruit dans l’environnement de travail. À cette occasion, l’association a publié son nouveau baromètre Ifop-JNA sur le bruit et ses conséquences sur la santé. Le bruit est toxique pour tous et dans tous les secteurs, dégradant le climat social, les organisations et la santé. Face à ce fléau, les entreprises doivent s’adapter et mettre en place une prévention primaire pour développer de nouvelles approches du bruit.
1) Un actif sur deux déclare être concerné par la gêne du bruit au travail depuis plusieurs vagues (2017, 2020, 2022).
La gêne du bruit au travail est une réalité à entendre. Les 35-49 ans sont plus concernés que leurs aînés de 50 ans et plus (57 % vs 46 %).
2) 61 % des actifs en poste dans le secteur du commerce sont touchés par la gêne du bruit.
Devançant les secteurs traditionnellement décriés : Agriculture et industrie, Construction.
3) Le télétravail ne résout pas le problème de la gêne du bruit.
56 % des télétravailleurs se disent personnellement gênés. Pour 1 télétravailleur sur 2, la gêne du bruit pourrait leur faire fuir le présentiel. Contrairement à ce qui était pensé « Avant » le télétravail ne résout pas le problème du bruit.
4) Les sources de bruit ne sont pas uniquement le fait des bruits émanant de l’extérieur des locaux (mentionnés au total par 35 % des interviewés).
Les scores sont quasiment systématiquement supérieurs chez les télétravailleurs réguliers (2 à 3 jours par semaine).
5) La gêne du bruit s’intensifie et pèse de plus en plus sur l’ambiance de travail.
Elle est jugée responsable :
6) Les désordres santé vont au-delà de l’aspect professionnel et des impacts auditifs.
Pour les actifs interrogés, les nuisances sonores sont source de gêne de compréhension de la parole (48 %) ; sifflements, bourdonnements dans les oreilles (39 %) ; surdités (34 %).
Sont également évoqués, en proportion importante, les effets extra-auditifs du bruit (stress 56 % ; fatigue, lassitude 66 %). Là encore, les actifs du commerce sont particulièrement concernés.
7) Les solutions mises en place par les entreprises demeurent classiques et peu développées :
Au final, la moitié des actifs déclarent qu’au moins une solution a été mise en place.
Les sources de bruit gênantes au travail sont multiples et se produisent à la fois à l’intérieur des locaux de travail qu’à l’extérieur. Parmi les sources de bruit considérées comme les plus gênantes sur le lieu de travail figurent :
Les interviewés sont plus nombreux à souligner les répercussions négatives du bruit sur leur santé : « la fatigue, la lassitude et l’irritabilité » (66 %, +6pts vs septembre 2021) qui enregistre une progression significative ainsi que le « stress » (56 %, +1 point).
À ces risques psychologiques, s’ajoute pour une proportion moindre d’actifs mais avec un degré de danger plus accru, la « souffrance psychologique (mal être, anxiété, dépression) pointée par 38 % des interviewés (+2 pts).
Les conséquences négatives possibles du bruit sur l’audition sont également importantes et plus fortement mises en avant que ce soit via une gêne auditive caractérisée par une diminution momentanée de compréhension de la parole (48 %, +5 pts), les sifflements, bourdonnements d’oreilles (39 %, +1 point) et, à un degré moindre, le sentiment de surdités (34 %, +1 point).
Malgré cette plus grande prise de conscience, les réactions des employeurs comme des actifs eux-mêmes demeurent timides. Sur 6 solutions testées destinées à réduire le bruit et les nuisances sonores sur le lieu de travail, aucune ne s’impose, chacune étant citée par moins de 30 % des salariés.
Les tendances sont en outre très stables par rapport à la dernière mesure en 2018 alors qu’en parallèle, les conséquences négatives du bruit sont nettement plus soulignées. L’argument du coût financier nécessaire à leur mise en place ne peut constituer une explication suffisante dans la mesure où les solutions les moins onéreuses sont également très peu exploitées.
La mise en place de solutions ou de démarches pour se protéger du bruit apparaît d’autant plus nécessaire qu’une majorité d’actifs se trouve démunie face à une forte exposition sonore au travail. 58 % des interviewés déclarent en effet ne pas savoir comment réagir en cas de troubles de l’audition provenant d’une forte exposition sonore à leur poste de travail.
L’association JNA est une association à but non lucratif, neutre et indépendante, gérée par des experts scientifiques et médicaux et des acteurs de la prévention. Depuis 25 ans, elle fédère l’ensemble des acteurs de la prévention et de la santé, agissant sur tous les territoires de l’hexagone, pour que la santé auditive devienne une clé de santé pour être en forme au quotidien. L’association JNA organise chaque année la Journée Nationale de l’Audition (mars), Prévention Fête de la Musique et Festivals de l’été (juin à août) ; Semaine de la Santé Auditive au Travail (octobre).
L’enquête a été menée auprès d’un échantillon de 1118 personnes, représentatif de la population française active occupée âgée de 18 ans et plus. La représentativité de l’échantillon a été assurée par la méthode des quotas (sexe, âge, profession de la personne interrogée, secteur d’activité) après stratification par région et catégorie d’agglomération. Les interviews ont été réalisées par questionnaire autoadministré en ligne du 13 au 16 septembre 2022.