De CIC à RIC

Pour rappel, je porte des appareils auditifs depuis 1998. C’est-à-dire hier. Ma perte auditive à l’époque me permet d’opter pour le modèle le plus discret : le cic ou modèle intra-auriculaire. Moulé à la forme du conduit auditif, ce type d’appareillage convient aux pertes légères à moyennes. Il se loge dans l’oreille et il s’enlève avec un fil d’extraction. J’ai à l’époque 18 ans (soit 2 ans de moins qu’aujourd’hui suivez un peu), je rentre à l’université et l’acceptation de mon handicap passe par le choix de la discrétion.

Puis les années passent. J’intègre le secteur de l’audioprothèse en tant qu’assistante audioprothésiste. Je serais aux premières loges de l’évolution des appareils. Les manufacturiers innovent et bientôt proposent des microcontours, appelés RIC. Discrets et légers, nous équipons beaucoup de patients avec ce type d’appareil et l’adaptation se fait très bien.

De mon côté, ma surdité évolue peu. Je renouvelle plusieurs fois en intra-auriculaire, toujours convaincue de la discrétion de ce type d’appareil. Mon dernier appareillage date de 2017, des intra-auriculaires de la marque Starkey, la plus vendue par le centre d’appareillage pour lequel je travaille. Nous voici en 2021, soit 5 ans de vie de mes appareils. Je suis due pour un renouvellement, ce que confirme mon entourage proche, en la personne du conjoint patient, habitué à répéter, se déplacer dans la pièce où je me trouve plutôt que de hurler de la pièce d’à côté, bref un conjoint en or.

Après 10 ans en tant qu’assistante audioprothésiste et plus de 20 ans d’appareillage, j’ai bien conscience que les possibilités de réglages de mes intra-auriculaires atteignent leur limite. J’ai un profil dit « actif » par rapport à ma surdité : jeune (si si), active, mère de jeunes enfants… En d’autres termes, j’ai besoin de bien entendre et de bien comprendre dans des situations variées (parole dans le calme, dans le bruit, à distance). J’ai tendance à réclamer à l’audioprothésiste une surcorrection par rapport à ce dont j’ai réellement besoin. Est-ce que les modèles cic vont continuer à m’apporter la correction adéquate ? Est-il venu le temps (avouez, vous avez continué la phrase par « des cathédraaaaaaleuuuus ») de passer le cap des mini-contours ? Et pourquoi ai-je l’air de présenter ça comme un drame ?

La peu flatteuse image des contours

Dans l’imaginaire collectif, quand on parle d’appareil auditif, on pense contour beige, gros et sifflant à tout vent. Bref, pas exactement quelque chose de très valorisant. Grâce à mes années d’expérience dans l’audioprothèse, j’ai pu changer de perception par rapport à ce type d’équipement. Les mini-contours notamment ont contribué à changer l’image du contour. Disponibles en plusieurs coloris, discrétion des éléments, ils ont soufflé un vent de modernité sur le marché des prothèses auditives.

De là, à me lancer les yeux fermés et les oreilles offertes au changement, ça prend quand même un peu de réflexion. Je reste réticente face à ce que je considère comme une étape importante de ma vie de malentendante. Et c’est armée de toutes ces considérations que je mets au défi mon nouvel audioprothésiste de me convaincre de passer aux mini-contours.

Avec ses nombreuses années (décennies) d’expérience, il m’explique les possibilités de réglages plus larges pour compenser mes besoins de compréhension, la discrétion et le design moderne de ce type d’appareil. Et le clou du spectacle, l’innovation technologique qui va me permettre de téléphoner directement avec mes prothèses et aussi écouter la musique.

Il est à son affaire, mais il me manque un petit 20 % pour me sentir véritablement prête. Et ce 20 % c’est une des nôtres qui va, sans le savoir, me l’apporter.

… au RIC de 2022

À cette même période, mon travail m’amène à Montréal pour une visite de magasins. Je travaille dans l’alimentation. Au hasard d’une de nos visites, j’assiste à un échange entre un de mes collègues et une employée du magasin. Je capte tout de suite son microdéporté qu’elle porte autour du cou. Mes yeux remontent et je cherche quel type d’appareil elle porte. Et je cherche. Et je cherche. Je me dis que j’ai dû me tromper et prendre son micro pour un accessoire de malentendant alors que ça doit être autre chose. Elle tourne alors la tête et je distingue (et je choisis bien mes mots) une coque métallique. Elle porte des RIC ! J’étais face à elle et je n’ai absolument pas remarqué ses prothèses. Mes collègues se méprennent sur mon soudain ravissement « Le magasin te plaît à ce point ? » « euh… je… oui beaucoup ! » assurais-je très convaincue.

De ce séjour professionnel, je retiendrais une grande découverte personnelle : je suis prête pour passer aux mini-contours.

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