Le congrès annuel de l’Ordre des audioprothésistes du Québec constitue un événement majeur rassemblant près de 95% des 530 audioprothésistes de la province. Cette rencontre offre une occasion unique de formation continue, de réseautage et d’échanges, tant avec nos collègues qu’avec les fabricants et partenaires. Au cours de ce congrès, qui a eu lieu les 3 et 4 novembre derniers à Saint-Sauveur, des conférences techniques ont abordé des thèmes variés tels que la mesure du rendement prothétique et l’optimisation des réglages pour des cas spéciaux. Une présentation très appréciée de l’AQEPA (L’Association du Québec pour enfants avec problèmes auditifs) s’est penchée sur l’accompagnement des familles dans la découverte de la surdité. Nous avons également eu la visite de M. François Ranger, ergonome, qui nous a parlé en détails de l’organisation optimale du poste de travail d’un audioprothésiste.
La présence d’une délégation du Collège National d’audioprothèse de France a enrichi l’événement, avec M. Morgan Potier présentant des techniques innovantes de réglage de prothèses pour les surdités asymétriques. La conférence de M. Christian Renard sur l’entraînement auditif chez les patients appareillés a également suscité un grand intérêt.
Les présidents du Collège National d’audioprothèse, M. Matthieu Del Rio, et du syndicat des audioprothésistes, M. Brice Jantzem, ont partagé des perspectives sur le programme 100% Santé mis en place en France en 2018. Ce programme audacieux, issu d’une promesse politique du président Macron, offre une couverture publique bilatérale de 950 euros par oreille, présentant très peu d’obstacles à l’accès à la correction auditive. La présentation a mis en lumière l’historique de la création du programme, de sa conception à sa mise en application, ainsi que les résultats concrets cinq ans après son adoption. Le programme français vise à garantir un accès équitable aux prothèses auditives de qualité, et permet également, selon le choix du patient et l’évaluation de l’audioprothésiste, de payer une somme supplémentaire pour accéder à des prothèses de technologie plus avancée. Cette réforme a eu un impact significatif, doublant pratiquement le nombre de prothèses fournies en quelques années.
La conférence a pris une importance particulière dans le contexte actuel, sachant que la RAMQ et les décideurs politiques discutent de l’amélioration de l’accessibilité aux soins auditifs au Québec. À cette occasion, j’ai pu souligner les similitudes entre la France, avant le programme 100% Santé, et le Québec actuel en matière de soins auditifs.
Cependant, M. Jantzem, président du SDA, a noté que cette augmentation marquée a également entraîné une hausse des fraudes et des pratiques illégales dans le domaine de l’audioprothèse en France. Ainsi, en 2023, le SDA et le CNA ont tous deux plaidé en faveur de la création d’un Ordre professionnel des audioprothésistes en France.
L’Ordre des Audioprothésistes du Québec en soutien de la création d’un Ordre en France
Une délégation de l’OAQ s’est rendue à Lyon en novembre dernier dans le cadre de l’Enseignement post-universitaire en audioprothèse (EPU), un congrès rassemblant environ
1 200 des quelque 5 000 audioprothésistes de France. Notre présence a non seulement permis d’assister à des conférences de grande qualité, mais aussi de présenter les rôles majeurs de l’Ordre, son historique des 50 dernières années et sa place dans le système professionnel québécois. De plus, nous avons eu l’occasion de réaffirmer l’existence de l’accord de reconnaissance mutuelle qui autorise les audioprothésistes québécois à exercer en France et vice versa.
Ma participation s’est achevée par une table ronde où les membres du public ont eu l’opportunité de poser leurs questions. Cet échange, ainsi que les exemples fournis par les participants, ont souligné l’importance d’une structure indépendante des pouvoirs politiques agissant pour la protection du public en France.
L’OAQ a ainsi pu partager son expérience et son expertise dans le fonctionnement d’un Ordre professionnel, mettant en avant son rôle dans la protection du public, la régulation de la profession, et la promotion de normes de pratique élevées. En contribuant activement à ces échanges internationaux, l’OAQ démontre son engagement envers l’amélioration continue de la profession, tant au niveau national qu’au-delà des frontières.