Je suis Angélique, malentendante, française (il faut bien assumer ses défauts) et fraîchement débarquée à Québec. C’est en avril 2021 que je pose les valises, le chien, le chat et mes 2 enfants sur le sol québécois pour rejoindre mon chum, un français aussi (et oui on cumule) arrivé lui, depuis janvier pour démarrer un nouveau défi professionnel.
Parmi les nombreuses et passionnantes aventures que je m’apprête à vivre, je vais devoir renouveler mon appareillage auditif vieillissant et découvrir ainsi comment ça marche « icitte ». Et c’est ce que je m’apprête à vous conter sous forme de petits épisodes retraçant les étapes que tous les malentendants connaissent et d’en faire le comparatif avec mon pays de naissance. Prêt ? C’est parti !
Commençons par parler de ma surdité. Laissez-moi vous la décrire : détectée quand j’avais 18 ans, progressive jusqu’à devenir moyenne à sévère, bilatérale. Un appareillage auditif intra-auriculaire, aux deux oreilles, la corrige depuis plus de 20 ans et fait de moi une malentendante pas trop mal outillée pour se débrouiller comme si de rien n’était. En 2021, mes appareils ont plus de 5 ans et montrent des signes de fatigue. Je décide de les renouveler.
ORL, audiologiste et audioprothésiste
En France, j’aurais pris rendez-vous directement chez l’ORL (oto-rhino-laryngologiste) pour obtenir une ordonnance de renouvellement d’appareillage auditif. Les délais sont généralement de quelques semaines à plusieurs mois. Lors de ce rendez-vous, le spécialiste examine mes oreilles, teste mon audition au casque avec des bruits à indiquer avec la main ou le doigt, me fait répéter des listes de mots et de syllabes, avec ou sans bruit de fond dans le casque. C’est assurément une véritable partie de plaisir auquel je m’adonne avec joie, dirais-je si je devais mentir. À l’issue de cette rencontre, le médecin ORL me délivre une ordonnance ou prescription, indiquant le renouvellement d’appareil. C’est avec ce document que je vais pouvoir prendre rendez-vous ensuite chez l’audioprothésiste.
La consultation du spécialiste m’est facturée entre 40 et 50 € (56 $ à 60 $). Je serais remboursée d’une partie de la somme par la Sécurité Sociale — la RAMQ (Régime d’assurance-maladie du Québec) française — (70 % si j’ai respecté le parcours de soin, sinon 30 %). Si j’ai une assurance santé, je peux espérer obtenir un remboursement complémentaire si mon contrat le prévoit. En général, c’est prévu.
Au Québec, je découvre qu’il existe un professionnel de plus entre l’ORL et l’audioprothésiste : l’audiologiste. C’est auprès de lui que je vais prendre mon rendez-vous pour obtenir un rapport de mon audition. Point positif, la rapidité pour obtenir un rendez-vous : un délai de trois semaines.
Je n’irais voir l’ORL que si j’ai besoin d’un soin. Je ne le verrai pas dans le cadre de mon renouvellement d’appareillage.
Le déroulement de la rencontre est assez similaire. Le casque, les bruits de fond, les listes de mots et de syllabes, même le doigt ou la main à lever. C’est un peu la mort dans l’âme — le test d’audition est à peu près la définition que je me fais de l’enfer — que je me prépare à faire ma gym de doigt ou de main pour indiquer que oui j’entends oui oui oui pis non non pis non.
Vient le moment de répéter les groupes de syllabes. Et là, le dépaysement apparaît. Je répète ce que je crois comprendre. Si ma surdité peut expliquer certaines erreurs, très vite je me rends compte — et l’audiologiste aussi — que c’est le parler québécois qui me mêle le plus. J’ai l’impression d’entendre le mot « neige » toutes les 2 minutes, certains sons m’échappent complètement. L’audiologiste me confirme que mon mauvais résultat à cet exercice vient probablement plus du fait que mes oreilles et mon cerveau ne sont pas encore assez familiers avec la délicieuse musicalité de leur façon de parler ; qui fait le charme des Québécois et Québécoises à travers le monde.
Près de 6 mois plus tard, je me rends compte que je me suis nettement améliorée de ce côté-là. J’identifie bien plus qu’avant les syllabes inaudibles, ce qui me permet de comprendre. Parce que même appareillée, il me faut encore des stratégies de compensation, en plus de mon appareillage auditif, pour bien entendre.
La séance chez l’audiologiste me coûte 90 $, sans remboursement par la RAMQ, car il exerce dans un centre et non à l’hôpital. Ici aussi, j’ai une assurance santé avec mon emploi, mais le contrat ne prévoit pas de remboursement de ce type de consultation.
Au bilan, un déroulé des tests auditifs quasiment identiques, un tarif de consultation plus élevé de ce côté-ci, mais un délai de rendez-vous plus rapide.
Et que ce soit en France ou à Québec, le constat est le même : j’ai bien de la misère pour entendre. Le renouvellement de l’appareillage est impératif ! La suite bientôt !